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BIOGRAPHIE

‟À scruter la biographie d’un artiste, nous sommes bien aises d’aviser père et mère tous deux artistes se pencher sur le berceau. Voilà qui fournit une justification aux déterministes, un argument aux jaloux, alors même qu’il est ardu de se forger un prénom, Wilhelm Friedemann et Johann Christoph Friedrich en savent quelque chose.

 

Pour autant, un foyer où flamboient à cœur joie création, culture et humanisme atteint au creuset pour qui est habité d’une âme artiste. De ce milieu propice, il nous faut cerner de quoi Josef est-il redevable envers Jean-Michel, son père photographe. Si transmission il y eut bel et bien, elle remonte à l’enfance de Josef, à ce jour où – geste inéluctable – un appareil photo a été semé dans ses mains. L’initiation s’est cantonnée aux incontournables bases techniques. Pour le reste, c’est-à-dire l’essentiel, Josef a bâti son propre univers créatif en toute liberté.

 

La douceur naturelle de Josef ne bride en rien sa détermination. Très tôt il inscrit la trajectoire de son travail avec lucidité. Il bouscule sans vergogne l’idée du « métier » - dans sa facture traditionnelle du rendu photographique - en bouchant volontairement des ombres, en laissant la lumière brûler des parties de l’image. Sur et sous-expositions revendiquées au service d’options plastiques tranchées et qui ne manquent pas de provoquer des remous dans les échanges esthétiques avec son entourage initiateur…

 

Arrive le moment où s’impose la nécessité d’une distanciation plus franche encore.

Josef Guinzbourg invente alors la série Space Invaders, vaste échappée dans l’imaginaire fantastique de la science fiction, où l’inquiétant le dispute au cocasse.

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‟Il est tentant d’y lire, claironnée par une manipulation outrancière de l’image, la rupture consommée entre argentique et numérique. Mais le fossé est bien plus profond. La strate technique à elle seule ne suffit pas à démarquer ce corpus des précédents. Sous elle se cache l’abyssal antagonisme de deux conceptions, la photographie viscéralement liée au réel et l’image totalement réinventée, augmentée, celle des jeux vidéo et des effets spéciaux du cinéma d’aujourd’hui.

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Deux attitudes contradictoires qui coexistent cependant dans le travail de Guinzbourg. Il reste en effet fidèle à une approche simple, sans artifice, où le traitement numérique se borne à amplifier les données réelles captées à la prise de vue, dans les autres thèmes qu’il continue de traiter en parallèle : la photographie urbaine (aux accents de Nouvelle objectivité) et paysagère.

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C’est ce dernier registre qu’il va choisir pour L’Image en dialogues. Il projetait initialement d’y poursuivre les photomontages, mais ce processus très long s’avère difficile à utiliser sans rompre le rythme régulier induit par la résidence. Avant tout, le paysage, plus simple, lui permet de garantir la cohésion du binôme, de faciliter l’échange et le partage avec son associé de père, de le rejoindre dans une autre passion qui les unit : l’escapade au cœur de la nature.

 

La résidence est aussi le prolongement de sa relation avec Claude Philippot, autre protagoniste de L’Image en dialogues, qui accompagne depuis longtemps son cheminement.

 

L’ampleur du projet, par son inscription dans la durée, offre à Josef Guinzbourg le temps d’une longue expérimentation avant d’arrêter son propos et de l’approfondir.

Il livre in fine des paysages variés par l’angle de vue (frontale, contreplongée) et la distance (gros-plan, panorama), réinterprétés par retouche numérique.

Des images de langueur et d’étrangeté dont le pseudo-vignettage et la couleur aux saveurs d’autochrome laissent émaner des fragrances de clichés anciens - un trait d’union entre balbutiements d’hier et aboutissements d’aujourd’hui -, chantant une ode à la Photographie, avec pour basse continue l’absolue créativité.

 

                                             Pierre Van Tieghen

                             Historien et critique d'art

GALERIE

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